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11 juin 2013 immigration et mémoire, un enjeu aussi hors de paris pour la deuxième année, une initiative originale a lieu en ile-de-france autour du lien entre immigration et mémoire : « le printemps de la mémoire ». depuis le 13 mai et jusqu’au 13 juin, une série de débats et d’expositions sont organisés dans le val-de marne, le val-d’oise, la seine-saint-denis et à paris. la manifestation ne concerne pas uniquement l’immigration mais le sujet en est l’un des piliers. le but : valoriser et témoigner de l’apport des différentes vagues migratoires dans l’histoire locale. cette année, la coïncidence veut que deux expositions sur des thèmes similaires soient programmées en même temps hors de paris – même si elles ne font pas partie stricto sensu du printemps de la mémoire. une est à lyon, au musée de l’afrique , l’autre à rennes, au musée de bretagne . dans ces villes, les flux migratoires sont statistiquement moins élevés qu’à paris. la bretagne est même la région française où l’immigration est la moins importante. mais ces initiatives qui se multiplient révèlent le besoin de témoigner d’un métissage désormais autant parisien que provincial. une sociabilité moins connue au musée africain de lyon, l’exposition inaugurée le 15 mai, concerne les commerçants de produits « afro » du quartier multiculturel de la guillotière. a travers une trentaine de clichés, le photographe et ethnologue benjamin vanderlick , témoigne de l’essor d’une diaspora longtemps peu visible dans l’agglomération. m. vanderlick en a immortalisé les vitrines, les gérants, les clients. toute une sociabilité comme il en existe à paris ou à marseille mais qui, à lyon, était jusqu’à présent bien moins connue et étudiée que l’immigration maghrébine, plus ancienne et plus importante. « je me suis dit : ‘quelle est cette immigration africaine ? est-elle représentative de l’immigration française ?’ , raconte m. vanderlick. si cela se trouve, dans quinze ans, elle ne sera plus là. j’avais envie de témoigner de cette époque. » le jeune photographe de 34 ans connait bien la ville : « le quartier de la guillotière a accueilli toutes les vagues d’immigration de l’agglomération depuis le xixe siècle : italiennes, arméniennes, maghrébines, asiatiques, etc. mais les africains, eux, étaient éparpillés sur l’agglomération et ce n’est qu’à partir des années 1980 qu’ils ont commencé à ouvrir des commerces ici.» l’exposition est programmée jusqu’au 28 juillet. « la réalité locale c’est ce qui parle le plus aux gens » au musée de bretagne, la démarche est un peu différente. « sur les 5,3 millions d’immigrés en france, seuls 85 500 vivent en bretagne », explique françoise berretrot, la conservatrice du musée à l’initiative de l’exposition « migrations », inaugurée le 15 mars et programmée jusqu’au 1 er septembre. « pourtant, en dix ans, entre 1999 et 2009, selon les chiffres de l’insee, le nombre d’étrangers a augmenté de plus de 80% , reprend-t-elle. les effectifs sont sans commune mesure avec le reste de la france mais cette présence a notamment été rendue visible par la multiplication de squats dans la métropole rennaise et un grand nombre de demandeurs d’asile en ille-et-vilaine. il nous a donc paru important de mettre en lumière ce mouvement.» l’exposition est relativement importante. elle défend une approche humaniste de la question de l’immigration sur plus de 600 m2. au fil des salles, elle met en scène les témoignages de nouveaux venus qui racontent leur périple depuis l’afghanistan ou le kurdistan turc jusqu’en bretagne. elle aborde aussi la situation de sans-papiers à rennes, via les photographies de deux photographes locaux. « on savait que c’était un sujet casse-gueule. mais on a essayé d’être le plus neutre possible » , détaille mme berretrot. dans cet esprit et par souci de pédagogie, l’exposition met sans cesse en regard les parcours des immigrés d’aujourd’hui avec le phénomène de «l’émigration » des bretons au xixe siècle, outre-manche et outre-atlantique. en matière d’immigration, « la question du patrimoine devient un enjeu hyper local » , résume sarah clément, déléguée générale de générique , une association spécialisée sur l’histoire des migrations en france qui collecte, organise et valorise, toutes les sources disponibles – publiques ou privées – sur le sujet depuis 1987. « la réalité locale, c’est ce qui parle le plus aux gens , abonde-t-elle. le fait de savoir ce qui s’est passé dans tel café ou telle salle de concert change les représentations. quant aux deuxièmes et troisièmes générations, ça leur permet de savoir ce qui a été vécu par leurs parents.» a ce titre, l’association générique travaille à la mise sur pieds, d’ici à la fin de l’année, d’un portail national sur l’histoire de l’immigration en france en partenariat avec le ministère de la culture. il s’appellera « odysseo ». elise vincent publié dans actualité , immigration | marqué avec bretagne , culture , exposition , immigration , lyon , mémoire , rennes | un commentaire 28 mai 2013 farook et son petit journal, ou l’asile incertain farook nawaz khan est un petit homme trapu qui parle toujours vite, très vite. il a 42 ans. sept frères et trois sœurs. pas d’enfants mais une épouse. et surtout toute une vie qu’il a laissée derrière lui au bangladesh. son histoire est presque ordinaire à l’échelle de la diaspora bangladaise . elle qui fuit en masse son pays depuis des années en raison de violences en tous genres. comme d’autres au royaume-uni, farook a donc demandé l’asile en france voilà plus deux ans et il prie chaque jour le ciel pour qu’on lui accorde le statut de réfugié . il connaitra son sort le 30 mai. mais l’histoire de farook c’est aussi celle d’un journal. le premier de la jeune diaspora bangladaise de france. un six pages en papier recyclé un petit peu plus étroit qu’un format berlinois. on peut le trouver depuis le début de l’année pour un euro dans les boutiques spécialisées, notamment autour de la gare du nord. son nom : « paris theke ». a prononcer [téké]. farook en est l’un des fondateurs. le journalisme, c’est son métier. il a fait un effort pour l’expliquer aussi lentement que possible à celui qui traduisait pour lui, le 7 mai, à la cour nationale du droit d’asile (cnda), cette chambre d’appel des déboutés. c’est même à cause de cette profession qu’il dû quitter le bangladesh, un soir de janvier 2011, caché dans la voiture d’un ami. met en cause un ministre jusqu’en 2009, farook exerçait pourtant sereinement son travail. il a d’abord été journaliste dans son district natal d’habiganj – situé dans le nord-est du pays, dans la région de sylhet, d’où viennent une grande partie des migrants bangladais. puis à partir de 2001, il a rejoint dacca et a écrit pour différents quotidiens nationaux réputés : le daily janata puis le daily sangbad . après des années passée à couvrir les questions de développement rural – « sans enjeux » , selon lui – farook a commencé à s’intéresser en 2009, au traitement discriminatoire des populations « indigènes » (environ 3 millions de personnes qui habitent principalement dans le nord et le sud-est du bangladesh). dans un article, il s’est risqué à mettre en cause un ministre du gouvernement. c’est à partir de là qu’il a reçu ses premières menaces. « j’ai fini par être incité à partir » pugnace, farook a toutefois décidé de poursuivre son enquête sur les malversations de ce responsable politique. il part le faire dans un autre quotidien, le daily bhorer kagoj . mais les choses ont progressivement dérapé. au fil des mois, les coups de téléphone anonymes se sont transformés en agression physique à son domicile. sa mère, âgée de plus de 70 ans, a été frappée. ses plaintes sont restées sans suite. la situation de farook est devenue intenable début 2011, quand il a été cette fois accusé « à tort» du meurtre d’un homme. une méthode classique au bangladesh, utilisée par tous les camps politiques pour éliminer leurs adversaires les plus coriaces. « j’ai fini par être incité à partir » , a